par le Père John Abberton
Selon l’Évangile de Saint Jean, Jésus prie le Père pour Ses disciples :
« Je leur ai donné ta parole et le monde les a haïs, parce qu’ils ne sont pas du monde, comme Moi je ne suis pas du monde. Je ne prie pas de les enlever du monde mais de les garder du mauvais. Ils ne sont pas du monde comme Moi je ne suis pas du monde. Sanctifie-les dans la vérité : ta parole est vérité. Comme tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi je les ai envoyés dans le monde. Pour eux, je me sanctifie moi-même afin qu’ils soient, eux aussi, sanctifiés dans la vérité. Je ne prie pas pour eux seulement, mais aussi pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi, afin que tous soient un. »
(Jn 17, 14-20)
Cette citation que je viens de vous lire est selon la nouvelle édition de la Bible de Jérusalem. Dans certaines versions de la Bible, nous ne lisons pas « sanctifie-les dans la vérité », mais « consacre-les ».
Être consacré signifie être « mis à part » pour un usage saint. Sanctifié signifie également « rendre saints ». Une chose ou une personne consacrée est rendue sainte par Dieu. Lorsque nous sommes consacrés, c’est-à-dire cédés à Dieu, la sainteté nous est conférée. Nous appartenons à Dieu ; nous sommes la propriété de Dieu. Puisque nous sommes des êtres doués d’une libre volonté, nous devons également coopérer avec Dieu par choix. Nous sommes sanctifiés par Dieu mais pas contre notre volonté. La sainteté nous est donnée mais nous devons également la choisir. La sainteté n’est pas une approche de vie froide et clinique. C’est une discipline mais c’est une discipline d’amour. Le plus saint d’entre nous est celui qui aime le plus. Il faut dire également que cela ne procède pas des apparences ou de l’exhibitionnisme. Ceux qui aiment vraiment savent quand ils doivent parler et quand ils doivent rester silencieux.
Un instrument de musique atteint le mieux son but lorsqu’il est accordé par celui qui joue en relation avec les autres instruments de l’orchestre. L’instrument doit être souple, sensible et fiable. Les cordes doivent être en bon état, le bois de bonne qualité, le métal propre. Un violoniste de concert, par exemple, aura plus d’un violon. Il saura comment obtenir le meilleur de chacun d’eux. Il maniera chaque violon de manière qu’il respecte les forces et les faiblesses de chaque instrument.
Nous appartenons à Jésus Christ.
Etre consacré à la vérité signifie plusieurs choses, pour commencer :
1. Nous devons essayer d’en savoir assez sur nous-mêmes pour comprendre comment nous pouvons être utiles dans le monde.
2. Nous devons savoir qu’il y a encore beaucoup à apprendre.
3. Nous devons savoir où chercher, à qui demander les réponses dont nous avons besoin sur nous-mêmes.
4. Nous devons être capables d’écouter et d’apprendre sans être vaincus par la peur ou les préjugés quels qu’ils soient.
Nous devons être humbles. L’humilité est ouverture à la Vérité. Elle est proche de la docilité qui signifie l’aptitude à écouter et à apprendre. Il n’est pas facile d’être humble, mais sans humilité, les autres vertus chrétiennes ne fleuriront pas. L’humilité est le terrain dans lequel Dieu plante les plus belles choses de Son jardin. Nous avons besoin de surveiller et de développer la vertu de l’humilité. Elle aide à connaître certains faits sur nous-mêmes. J’ai relevé le passage suivant dans un petit livre intitulé « Victory Over Vice » (La victoire sur le vice) de l’archevêque Fulton Sheen :
« D’un point de vue matériel, nous avons très peu de valeur. Le contenu d’un corps humain contient autant de fer que dans un clou, autant de sucre que dans deux morceaux de sucre, autant d’huile que dans sept savonnettes, autant de phosphore que dans 2200 allumettes, et autant de magnésium qu’il en est nécessaire pour tirer une photographie. En tout, le corps humain, chimiquement parlant, vaut à peine quelques dollars ». (Page 49)
Bien sûr, nous valons beaucoup plus que cela aux yeux de notre Créateur. Notre véritable valeur se fonde sur Dieu qui nous a créés. Il est juste de dire « je ne suis rien » ou « je ne vaux rien » seulement si j’entends « rien » ou « sans valeur » sans Dieu. Le respect que nous devons avoir pour nous-mêmes vient du respect pour celui qui nous a créés. Souvenons-nous que nous devons aimer notre prochain comme nous nous aimons nous-mêmes. Cela signifie qu’il ne nous est pas permis de nous traiter comme une ordure sinon, il nous faudrait traiter tout un chacun comme une ordure. Mais sans Dieu, nous sommes ordure, ne valant pas plus que quelques dollars. L’orgueil est une sorte d’insanité. Que suis-je comparé à Dieu ? Je suis moins qu’une pincée de poussière ; cependant, Dieu aime cette pincée de poussière et le Christ a versé Son sang pour elle. Cela signifie que je dois traiter les autres pincées de poussière – vous tous – comme de la poussière d’or, mais seulement à cause du Christ.
Être consacré dans la vérité signifie que nous devons à la fois appartenir à la vérité et être engagé envers la vérité. Accepter cet appel, être les instruments de la Vérité, signifie que nous recherchons la Volonté de Dieu.
La question de comment nous arrivons à connaître la Volonté de Dieu n’a pas une réponse simple. Non parce que Dieu serait compliqué mais parce que c’est nous qui le sommes. Jésus nous dit que la Vérité est amour.
Dans le message du 22 octobre 1990, Il dit :
« La Vérité est AMOUR. Je suis la Vérité. Soyez témoins de la Vérité. Recevez le Saint Esprit de Vérité… »
Lorsque nous ne pouvons pas aimer de manière adéquate, c’est peut être que nous ne sommes pas ouverts à la vérité.
Lorsque nous nous mettons à prier, nous devons être honnêtes. Qui suis-je réellement ?
Combien il est facile pour la pensée de se construire une fausse identité. Cela peut arriver très facilement lorsqu’une personne commence à devenir dévote – lorsqu’il y a eu lieu une expérience de conversion – ou lorsqu’une personne à commencer à croître dans la prière. Sainte Thérèse d’Avila nous avertit qu’une des erreurs que font les gens lorsqu’ils font quelque progrès en spiritualité est de penser qu’ils sont prêts à instruire les autres. Aussi, nous voyons les problèmes qui sont provoqués par certaines personnes qui pensent avoir reçu un appel pour dire aux autres comment ils doivent vivre, comment ils doivent prier ou, dans notre cas, comment ils doivent interpréter les messages de la Vraie Vie en Dieu. C’est peut-être de l’orgueil déguisé en amour.
Un autre exemple : nous ne devons pas imaginer que toutes nos motivations ou intentions sont parfaites. Notre Seigneur Jésus Christ et Sa Sainte Mère avaient des coeurs non partagés. Nous sommes invités à être purs de coeur. Une signification de cela est « résolus, fermes » ; une autre signification est « totalement dévoués ». Dans un message du 10 juin 1994, Jésus dit :
« Mon délice est en chaque coeur pur. Ma joie c’est lorsque Je vois vos yeux chercher seulement les choses célestes. Ma gloire c’est lorsque vous venez à Moi et que vous Me dites : « me voici… me voici », M’offrant votre coeur pour que Je le transfigure en Mon domaine et que Je règne sur lui .»
Chercher les choses célestes ne signifie pas fuir nos responsabilités ou se prélasser dans des fantaisies. Nous devons rechercher la Volonté de Dieu en toutes choses, et tout ce que nous faisons et souffrons doit être offert pour la gloire de Dieu. Lorsqu’Il nous donne un travail à faire, nous devons le faire bien. Ce peut être n’importe quoi, laver la vaisselle ou construire une cathédrale. Comment jugera-t-Il la valeur de notre travail ? La cathédrale aura-t-elle plus de valeur si elle est construite par vanité ou préférera-t-Il voir une étagère pleine d’assiettes propres, lavées en offrande d’amour ?
La pureté de coeur se montre dans la concentration. Lorsque nous sommes concentrés sur quelque chose, nous nous concentrons sur le travail que nous faisons. Nous ne sommes pas parfaits en cette vie ; nous ne connaîtrons la perfection qu’au paradis. Si nous voulons développer notre pouvoir de concentration, nous avons besoin d’autodiscipline. Nous avons besoin d’ordre dans vos vies. La grande tradition monastique nous le rappelle. Les moines, les soeurs cloîtrées et les monastères sont plus importants que jamais : importants pour le monde qui les entoure. Le monachisme bénédictin a eu un effet profond sur l’Europe occidentale. Les moines de l’orient et de l’occident nous rappellent l’appel à être « purs de coeur » : être dévoués, obéissants et disciplinés. Aussi, nous avons besoin de reconnaître cette vérité première de tout : nous sommes généralement imparfaits en pensées et en actions. Nous ne pouvons pas imaginer que ce que nous appelons inspirations de Dieu ne sont pas d’une certaine manière mêlées ou affectées par nos propres fautes et faiblesses. Puisque nous ne savons généralement pas ce qui se passe dans notre pensée subconsciente, nous ne pouvons pas facilement discerner si nous sommes menés par quelque pulsion cachée. Nous avons tous souffert plus ou moins dans notre enfance ; si ce n’est par nos parents ou frères et soeurs, alors, à cause d’expériences que nous avons connues à l’école ou auprès de nos amis d’enfance. Savons-nous clairement combien nos expériences passées nous affectent aujourd’hui ?
Je ne dis pas que nous tous sommes délibérément tièdes de coeur ni que nous sommes toujours conscients d’être gouvernés pas nos besoins émotionnels ; ce que je dis est qu’il nous faut être honnêtes avec nous-mêmes et honnêtes avec Dieu. Le don du discernement n’est pas donné à tous mais si nous prions pour l’obtenir et que nous choisissons quelqu’un comme directeur spirituel, il y a une bonne chance que Dieu offre le don à celui que nous avons choisi. De temps en temps, ceux qui espèrent progresser dans la vie spirituelle ont besoin de bons conseils. Il serait fou de prétendre que nous n’avons pas besoin d’aide. Pire que cela, ce serait de l’orgueil. Alors que nous croissons dans l’humilité, nous devenons plus conscients de nos fautes, de nos faiblesses, de nos excentricités. Nous parvenons à nous connaître dans la mesure où Dieu le permet. Parfois, le Saint Esprit éclairera quelque chose. Peut-être que cela arrivera après que nous soyons tombés dans le péché. Peut-être que cela viendra sous la forme d’une remontrance ou d’une correction de la part de quelqu’un d’autre. J’ai un ami qui est psychologue, docteur en psychologie. Parfois, il dit quelque chose qui me fait tomber assis. Par exemple, il peut dire quelque chose comme « hier tu étais très préoccupé au sujet de quelque chose et cela te rendait silencieux ». Je réponds « non, ce n’était pas le cas » mais il persiste à dire « à quoi pensais-tu ? » alors, je lui dis, « ce n’est pas ton affaire ». Il dit alors « je finirai par le savoir ». Il ne peut pas découvrir toute la vérité mais il sait quelque chose parce qu’il est formé à reconnaître certaines choses sur les gens. Il n’y a pas longtemps, nous étions ensemble dans un hôtel et nous parlions à une personne qui venait d’Écosse. Plus tard, mon ami m’a dit, « cet homme avait des tendances maniaco-dépressives ». J’étais étonné. Je lui ai dit « comment le sais-tu ? » Mon ami me dit alors sa conviction. Si je ne peux pas cacher ma propre vérité à un bon ami, comment pourrais-je la cacher à mon Créateur ? Certaines personnes essaient en tout cas de se cacher à eux-mêmes, mais nous ne pouvons jamais nous cacher du Christ.
Si je dis que je suis parfait, je suis soit un menteur soit très immature spirituellement, ou malade. S’il est possible pour quelqu’un d’être parfait en cette vie, je suggère qu’il ne le saura pas. Même si une personne ne le savait pas, vous ne l’entendriez jamais de ses propres lèvres. Il nous est dit « d’être parfaits » comme le « Père Céleste est parfait », mais même Saint Paul, considérant la fin de sa vie, disait :
« Il s’agit pour moi de connaître le Christ, d’éprouver la puissance de sa résurrection et de communier aux souffrances de sa passion, en devenant semblable à lui dans sa mort, avec l’espoir de parvenir à la résurrection d’entre les morts. Certes, je n’ai pas encore obtenu cela, je n’ai pas encore atteint la perfection, mais je poursuis ma course pour tâcher de saisir, puisque j’ai moi-même été saisi par le Christ Jésus. Frères, quant à moi, je ne pense pas avoir déjà saisi cela. Une seule chose compte : oubliant ce qui est en arrière, et lancé vers l’avant, je cours vers le but en vue du prix auquel Dieu nous appelle là-haut dans le Christ Jésus. Nous tous qui sommes adultes dans la foi, soyons d’un même esprit … » (Ph 3, 10-15)
Être consacrés à la Vérité signifie que nous sommes appelés à l’unité. Cela est clair dans le passage que j’ai cité au début. Jésus a prié que Ses disciples soient « sanctifiés dans la vérité » de sorte qu’ils puissent amener les autres à la vérité pour que « tous soient un ». Je crois que nous pouvons appliquer cela à nous-mêmes. Comme le peuvent tous les chrétiens appelés à prendre part à l’oeuvre d’évangélisation. Tous ceux qui sont baptisés sont consacrés. Tous ceux qui sont conscients d’être appelés à répandre la vérité sur Jésus Christ sont invités à accepter une part dans l’oeuvre d’évangélisation. Nous sommes invités à vivre en vérité, ce qui signifie également vivre dans le repentir. Accepter la vérité sur nous-mêmes doit impliquer d’admettre que nous sommes pécheurs et d’admettre la confession des péchés. Alors seulement, nous pouvons commencer à nous rassembler comme un seul corps, dans l’humilité. La Mère du Christ nous dit, dans un message daté du 23 septembre 1991 :« Les clefs de l’Unité sont l’Amour et l’Humilité. »
En acceptant l’appel à vivre dans la vérité, nous devons nous respecter les uns les autres et nous tenir par la main les uns les autres. La vérité nous libérera. Nous ne nous rapprochons pas en niant notre foi. Le faux oecuménisme est inutile. Je ne prétends pas, ni ne veux prétendre, que je ne tiens pas certaines choses comme vraies. Pour moi, c’est une question de foi divine. Lorsque je rencontre des Chrétiens d’autres confessions, je n’attends pas de leur part qu’ils soient d’accord avec moi en toutes choses. Si ce n’est pas dans l’honnêteté, comment peut-il y avoir de progrès ? Nous devons être honnêtes les uns avec les autres. Nous devons poser nos questions et permettre aux autres de poser leurs questions. Quels souvenirs du passé portons-nous ? Affectent-ils nos progrès vers l’unité ? Ai-je réellement besoin de ces souvenirs ? Puis-je demander pardon, ou l’accorder ? Pourquoi est-ce que je réagis contre certaines propositions et croyances ? Qu’y a-t-il en moi, ou dans mon passé, qui empêche le dialogue d’avancer ? Est-ce que je prêche pour mon saint ? ai-je des griefs cachés ? Ai-je peur de vous, peur de moi ; peur de la vérité ?
Des questions provocatrices surgissent lorsque nous essayons d’être ouverts à la vérité. Également, lorsque nous nous regardons les uns les autres, discutons, mangeons les uns avec les autres, nous reconnaissons un autre aspect d’être consacrés dans la vérité. Nous sommes faits les uns pour les autres. Si la vérité est Amour, alors nous ne parlons pas simplement de propositions, de formules doctrinales et de Credo, nous parlons de personnes. Nous allons ensemble. Être dévoués à la vérité, doit signifier être dévoués à la réconciliation et à l’unité. C’est pourquoi nous savons que nous ne pouvons pas faire de progrès à moins que nous ne nous considérions nous-mêmes tels que nous sommes. J’ai besoin de savoir qui je suis si je dois vous écouter. J’ai besoin de connaître ce qui peut obstruer mes oreilles. Si je ne suis pas prêt à voir la vérité sur moi-même, comment puis-je ouvrir mon coeur aux autres ? Nous pouvons marcher dans la même direction parce que nous suivons la même lumière. Parfois, il semble que nous marchons de manière séparée, loin les uns des autres, mais à d’autres moments, nous sommes suffisamment proches pour nous donner la main. Nous devons multiplier ces moments où nous nous tenons par la main et raréfier ceux où nous sommes éloignés. La discussion seule ne le permettra pas ; nous devons devenir des amis. Les amis peuvent être joyeux en compagnie les uns des autres même lorsqu’ils ne savent pas quoi dire. Lorsque nous parlons, utilisons des mots qui bâtissent, jamais des mots qui détruisent.
Que sommes-nous prêts à faire pour atteindre le but de l’unité ? Sommes-nous prêts à nous dire à nous-mêmes l’honnête vérité ? Sommes-nous prêts à laisser le Saint Esprit nous convaincre de notre péché ? Sommes-nous prêts à laisser Jésus être réellement « le Chemin, la Vérité et la Vie » ? Si nous sommes prêts à sacrifier quelque chose à la cause de l’Unité, que ce soit ces choses que nous avons mélangées à notre foi, ces choses qui ne sont pas des objets de foi mais des objets de peur. Abandonnons nos peurs, abandonnons nos préjugés et même, en certains cas, abandonnons nos vies. En tout premier, demandons à Dieu le courage d’être fidèles à la Vérité, que nous ne nous mentions jamais à nous-mêmes, les uns aux autres, ou à Dieu.
Le 10 décembre 1995, le Seigneur Jésus a dit :
« La paix soit avec toi. Ton but doit être de rester dans la Vérité et d’attirer tout le peuple à la Vérité et dans Mon Royaume. Je suis la Vérité et Mon Royaume sur la terre est Mon Église et Mon Église est Mon Corps qui remplit la création tout entière. Et la Vie de Mon Église est Ma Sainte Eucharistie, le Chemin vers la vie éternelle. Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. Je suis Amour. Aimez-Moi et vous vivrez. À travers l’amour, votre âme commencera à rechercher les choses célestes. Le monde ne peut rien vous offrir qui M’appartienne. Agrippez-vous à Moi et vous resterez enracinés en Moi et de cette manière, vous gagnerez pour vous la vie éternelle que Je vous ai promise. »